Dictionnaire de la langue nahuatl classique

Eléments de grammaire


Les locatifs

généralités
syntaxe
suffixes
-C(o)
-NAHUAC
-PA
-PAN
-TLAH
-TLAN
-TLOC
-YAN

Généralités.

Avec les noms et les verbes, les locatifs constituent, en nahuatl, une classe importante de mots qui comprend:
1. des locatifs dénominatifs tirés de noms.
Exemple:
tepēticpac, au sommet de la montagne, sur tepē-tl, la montagne.
2. des toponymes, noms propres de lieu (ville, régions).
Exemple:
mexihco, à Mexico.
3. des locatifs déverbaux, tirés de verbes et signifiant l'endroit où se passe telle ou telle chose.
4. des interrogatifs.
Exemple:
cān, où?
5. des mots grammaticaux, généralement traduisibles en français par des adverbes à sens spatial, temporel ou modal.
Ces mots ne peuvent apparaître à la forme possédée.
Il ne peuvent pas non plus prendre de suffixes (absolus, diminutifs, augmentatifs ou honorifiques).
Exemple:
nicān, ici.
huehca, loin.
yālhua, hier.
chico, de travers.

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Syntaxe des locatifs.

1. un locatif peut déterminer un autre locatif.
cānin mexihco, où est Mexico?
ōmpa mexihco, là-bas c'est Mexico.

2. un locatif fonctionne de façon privilégiée comme complément de lieu.
mexihco nemi, il habite à Mexico.

3. un locatif ne peut-être sujet d'un verbe ni complément d'un nom.

4. un locatif ne peut-être complément d'objet.

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Les
suffixes locatifs.

-C(o)

ilhuica-c, au ciel.
tōp-co, dans le coffre ou dans un coffre.
-c après voyelle, -co après consonne.
Une exception tleco, dans le feu.

Il s'ajoute aux radicaux nominaux inanimés.
Mais certains toponymes en -c(o) peuvent être construits sur des noms d'animaux.

Le suffixe -c(o) ne peut être suivi d'un suffixe nominal tel que le
suffixe absolu ou le suffixe honorifique -tzin.
Mais l'on peut former un locatif à l'aide du suffixe -co sur un nom à la forme honorifique.


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-TLAH

Sur un radical nominal le suffixe -tlah désigne un lieu caractérisé par une abondance de...
tetlah, endroit pierreux.
cuauhtlah, lieu où abondent les arbres, forêt.

Sur un radical nominal terminé en -l on a -lah par
assimilation consonnantique.
callah, agglomération.
mīllah, région cultivée.

Le locatif ainsi formé n'apparait jamais à la forme possédée.

Sur les locatifs en -tlah on a souvent une forme avec reduplication à saltillo, sans changement notable de sens.
nopallah > nohnopallah, lieu où abondent les figuiers de barbarie.
teolôllah > teoholôllah, lieu ou abondent les pierres rondes.

Contrairement à la plupart des suffixes locatifs, -tlah peut apparaître sur un nom animé.
tlācatlah, lieu où il y a beaucoup de personne, foule.

Quand le suffixe -tlah apparaît sur un nom comportant le suffixe -pan il perd sa nuance d'abondance.
xōpantlah, à la saison des pluies (printemps ou été).
nepantlah, à un endroit mutuel, c'est à dire au centre.

Un mot formé à l'aide du suffixe -tlah peut apparaître avec le suffixe absolu -tli.
cuāuhtlahtli, la forêt.


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-TLAN



Le suffixe tlān sert exclusivement à former des toponymes.
Tōl-lan, Tula. sur tōl-in, roseaux et le suffixe tlān avec
assimilation L+TL = LL.

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-PAN

pan est sans doute un radical nominal susceptible de former par
incorporation des noms dérivés.
tēcpantli, le palais.
tlālpantli, le sol.
teōpantli, l'église.

Mais ces noms se trouvent presque toujours à la forme apocopée, sans suffixe absolu, avec un sens et une fonction de locatif et cela sans le suffixe -co.

En incorporant des radicaux nominaux pan forme des locatifs.
petlapan, sur une natte.
Ces locatifs peuvent apparaître à la forme possédée.
noquechpan, sur mon épaule ou sur mes épaules.

pan se présente souvent avec un préfixe possessif.
tēpan, sur quelqu'un.
nopan, sur moi.
īpan, sur lui.
Ces termes permettent de former des expressions possessives.
īpan in ohtli, sur le chemin.
īpan cuāuhtemoc, du temps de Cuauhtemoc.

Avec le préfixe possessif tla- on forme le nom tla-pan-tli, terasse qui a comme locatif tlapanco, sur une terasse.

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-TLOC et -NAHUAC

Les suffixes tlōc et nāhuac signifient tous deux: près de, aux côtés de. Ils sont souvent employés ensemble de façon redondante.
Ils sont le plus souvent employés en formation possessive.
tonāhuac, près de nous, à nos côtés.
tlanāhuac, à côté d'une chose, dans le voisinage.
cuahuitl īnāhuac, près de l'arbre.
notlōc xinemi, vis avec moi.

Le suffixe -pa, peut apparaître après tlōc.
notlōcpa ximotlāli, assieds toi à côté de moi.

Les honorifiques sont -nāhuactzinco et -tlōctzinco.
ītlōctzinco īnāhuactzinco ninemi in tēuctli, je vis aux côtés du seigneur.

-nāhuac, peut apparaître sur un radical nominal.
nocalnāhuac, près de ma maison.
Un certain nombre de toponymes sont construits de cette manière.
cuauhnāhuac, Cuernavaca (à côté des arbres).
ānāhuac, nom de la vallée de Mexico (à côté de l'eau).

tlōc et nāhuac forment chacun un nom possessif. tlōqueh nāhuaqueh, qui a la proximité, c'est l'un des noms de la divinité.


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le suffixe directionnel -PA

Le suffixe directionnel -pa, indiquant un mouvement apparaît souvent sur les locatifs.
ōmpa, de là-bas, vers là-bas.
ahcopa, vers le haut.
ahhuīcpa, d'ici et là, vers ici et là.
huehcapa, de loin.

On trouve parfois la variante -copa.
ilhuicacpa, ilhuicacopa et ilhuicaccopa, signifient tous trois, vers le ciel.

-copa, peut également se présenter avec le sens particulier: au moyen de, à cause de.
ahtlacopa, au moyen d'un lanceur de dards.
nopīnāhuilizcopa, à cause de ma pudeur.
noyōllohcopa, de tout mon coeur.
nocualāncacopa, à cause de ma colère, sur cualāncayōtl.


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le suffixe locatif -YAN



1.~ suffixé à un verbe impersonnel.
Ces locatifs formés sur des verbes impersonnels ne peuvent s'utiliser à la forme possédée.

Les verbes impersonnels terminés en -o ou en -lo allongent le /o/ devant le suffixe -yā.

tlacualōyān, endroit où l'on mange.
tlanāmacōyān, l'endroit où l'on vend, le marché.
cochīhuayān, endroit où l'on dort.
yelohuayān, endroit habité, où il y a du monde.
netlālilōyān, endroit où l'on peut s'asseoir.


On trouve aussi le suffixe -yān sur des impersonnels formés à l'aide du préfixe tla-.
tlaceliyayān, endroit frais.

Et également sur les impersonnels par nature.
tōnayān, endroit où il fait chaud, les terres chaudes.

2.~ suffixé à un verbe à la voix active.
Ces locatifs formés sur des verbes à la voix active ne sont attestés qu'à la forme possédée.
Le préfixe possessif correspond au préfixe sujet du verbe qui sert à former le locatif.

cochi-yān
no-cochi-yān , c'est l'endroit où je dors. Cf. ni-cochi , je dors.
on-o-yān, avec préfixe directionnel.
t-ono-yān , là où nous nous reposons.
tlacuāyān
no-tlacuāyān , l'endroit où je mange. Cf. ni-tlacua , je mange.
netlāliāyān
no-netlāliāyān , mon siège ou sur mon siège. Cf. nino-tlālia , je m'assois.
teohcihuiyān
īnteohcihuiyān , lieu où ils sont affamés. Cf. teohcihuih , ils sont affamés.

Ces locatifs peuvent aussi avoir un sens temporel.
no-tlacuāyān , c'est le moment où je mange.
notēlpōchtiyān , c'est le temps de ma jeunesse.

Quand le verbe est réfléchi et que le préfixe possessif du locatif dérivé est à la troisième personne du singulier le préfixe réfléchi est habituellement 'mo-' et non pas 'ne-'.
īmochīhuayān , c'est le moment où une chose est faite ou bien c'est lieu ou le moment où pousse une plante.

3.~ suffixé à un verbe en -hui, au parfait.
Ces locatifs ne sont normalement attestés qu'à la forme possédée.
Si le verbe demande un objet on utilise pour la formation du locatif les préfixes objet indéfini tē-. ou tla-.
Si le verbe est réfléchi on utilisera le préfixe mo-.
Les locatifs ainsi formés peuvent aussi prendre un sens temporel.

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